Danger ! Erosion de clients
GRAINDÉPI SAS, NOVEMBRE 2014
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« 8, 9, 10. Ah, le Gaec des Oies aussi, 11. Et enfin, Marcel, 12. » Se frottant le menton, soucieux, Samuel relève la tête du tableau qu'il vient d'imprimer. « Tu fais ton loto pour samedi ? », lance d'un ton guilleret Marc qui vient de pénétrer dans le bureau partagé avec Samuel. « Euh, non. Je comptais les clients que j'ai perdus en deux ans. Une douzaine. Et j'en ai récupéré... Attends, je te dis cela... » Le technico-commercial ouvre un fichier sur son PC portable. « 4. Voilà, seulement 4. »
Marc s'assoit à califourchon sur une chaise face à son collègue. « Bah, si tu perds des petites exploitations pour récupérer des bien plus grosses, ce n'est pas si grave. »
Reprenant la sortie papier de son tableau, Samuel secoue la tête en commentant, « justement, non. J'ai perdu 500 ha au total. Tiens, regarde pour le Gaec des Oies. Il est parti à la concurrence avec la venue du troisième associé. Il a environ 150 ha et je vendais 70 % de leur appro. Ça fait mal au portefeuille. »
Dépité, le TC regarde son collègue qui, tout en soupirant, lui répond : « Ouais, ça tire dur quand même avec la nouvelle génération. Le fils Marchand, qui a rejoint son père, m'a annoncé hier qu'il ne voulait plus me prendre les semences ni les phytos. Bref, il ne reste plus qu'à prospecter. »
« Ça fait partie de votre job, les gars, n'est ce pas ? » Surpris, les deux hommes se tournent vers l'entrée du bureau où vient d'apparaître Robert, leur responsable commercial. « Oui, chef. Bien, chef », répondent-ils en se mettant au garde à vous. « Allez un peu de sérieux. »
« Mais nous sommes sérieux. Le boss nous a mis la pression hier. Nous avons besoin de décompresser », lance d'un ton las Samuel qui continue : « Prospecter oui, mais qui ? On pourrait déjà se développer chez nos clients, non ? Et si tu nous offrais une formation ? Dans le dernier Agrodistribution, il y avait un article sur ce sujet. »
Dubitatif, Robert les regarde et finit par lâcher sur un ton agacé : « Arrête de me bassiner avec Agrodistribution. Depuis quand les journalistes disent ce que nous avons à faire ? Et, puis, des formations, vous en suivez pas mal. Faites les deux, ce n'est pas sorcier. »
Hélène Laurandel
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